5 [BESSARIONIS CARDINALIS NIKAENI EPISTOL.E ET ORATIONES DE BELLO IN TVRCAS DECERNENDO.] In-·!·0 de 40 feuillets non chiffrιs, dont le dernier blanc, sans titre, ni signatures, ni rιclames. Ce livre ne porte pas non plus d'indica- tion de lieu, ni de date, mais il fut imprimι ΰ Paris, en Sorbonne, par Ulrich Gering, sous la surveillance de Guillaume Fichet, et dans la premiθre moitiι de l'annιe 1471. Il ne put κtre imprimι en 1470, comme l'affirment certains bibliographes, car la lettre du cardinal Bessarion, qui accompagnait l'envoi de son ouvrage ΰ Guillaume Fichet, et que celui-ci a insιrιe en tκte du volume, est datιe de Rome, 13 dιcembre 1470. Jules Philippe a affirmι ' que les Orationes furent imprimιes antι- rieurement au 21 mars 1471 et distribuιes ΰ partir du commence- ment de ce mκme mois. C'est une grosse erreur qu'il eϋt pu facile- ment ιviter, s'il se fut donnι la peine de lire avec un peu d'attention la correspondance ιchangιe entre Bessarion et Fichet, qu'il avait sous les yeux. Il y eϋt tout d'abord remarquι que la premiθre lettre ιcrite par Fichet au cardinal est incontestablement celle du ). Origine de l'imprimerie ΰ Paris (Paris, 1885, in-4»), p. 58. ANNEE 1471
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1.'} fιvrier 1471 '. Le Ion de celle lellre, de mκme que celui de la
lettre de Ilessarion 2, prouve surabondamment qu'ils n'avaicnl
jamais correspondu auparavant. Or, ΰ la dale du 13 fιvrier 1471,
Pichet n'avail pas encore entre les mains la copie manuscrite des
Oraiiones. Comment, dιs lors, admettre que des exemplaires impri-
mιs purenl en κtre distribuιs ΰ partir du commencement de mars,
comme le veut Jules Philippe? Oω prendre surtout le temps matι-
riellement nιcessaire pour exιcuter l'admirable exemplaire offert ΰ
Louis XI, ornι du portrait de ce roi, et dont Pichet va, tout ΰ l'heure,
nous donner la description?
Jules Philippe appuie tout son raisonnement sur une lettre de
Fichef ΰBessarion, datιed'Amboise, 12 des carendes d'avril (21 mars)
sans millιsime, et qu'il affirme κtre de 1471. Que cette lellre n'est
pas du 21 mars 1471, mais du 21 mars 1472, c'est ce que nous allons
essayer de dιmontrer. Reproduisons-en d'abord le commencement.
« Nunquam, paler reuerendissime, quid ad le scriberem minus
cogilaui quam pridie nonas marcias in regi domus vestibulo, aut
terlio idus marcias, quom labcllarii celerilas alramento madentes
litleras mihi detraxit, aut nuncxu kl. apriles quom parumper quies-
cenli secundum (lumen Ligerim, inter scopulos castri Ambasia1,
iiuncius forte forluna sese obtulit.
« Reuertor in scholam noslram Parisiensem, causa lidei, quam
mihi iamdudum imposuisli, Rιgi nobilibusque regiis exposila. Ora-
iiones tuas quam apparatissimas polui reddidi Sercnissimo Rιgi,
verbaque feci paucis cum de concordia christianis principibus inter
se necessaria, turn de bello contra Crucis hostes obeundo, nihilque
prtermisi quod luo nomine Rιgi essel offerendum. Gra^ioso qui-
dem vullu librum excepit, legilque parumper pra?faciunculam quam
operi tuo prscripsi. Reuolutis deinde membranis, picturas et ima-
gines in marginibus sparsas cominus inspexit. Turn glosulas in ora-
tione Demosthenis a le quidem positas fere singulas legit : erant
enim auro »arioque colore in contextu orationis interiecl. Inler
legendum quaestiunculas a me quasdam rogauit', quibus pra;slo fuit
responsum. Postremo reuersus ad codicis principium, distichon ter
quaterque resumpsit, quod in calce regia; imaginis scriplum
repperit :
1. Publiιe par nous ΰ la suite des Cent-dix lettres grecques de Franηois Filelfe,
p. 226.
2. Publiιe par nous, ut supra, p. 223. Lire aussi, p. 230, la lettre de Bessarion
du 11 des calendes d'avril (22 mars) 1471. 12 BIBLIOGRAPHIE HELLΙNIQUE
Fausta futura tibi, Rex, accipe Bessarionis
munera, quai prosint et foris ΰtque domi.
? secrelis qui aderal librum custodiendum accepit. Rex turc Palcr-
nitnti tandem pro muncre gracias egit. De domcstica vero concordia
belloque foris obeundo ne verbum quidem unum fecit.
« Litleras autem quas iamdudum' mei commendandi causa Regiaξ
Maiestati scripsisti, neque reddidi, neque per alium passus sum
reddi. Cur ita fecerim audies. Rex peruicaci est ingenio, neque
sibi desunt qui meorum similium labores ambilionis causa sus-
ceplos arbitrentur. Non itaque volui priuatum commodum publico
fore detrimento, mortuoque mihi quam viuo malo mercedem tan-
tillo pro laborc reddi. Non qui Ressarionis unius mei patris com-
mendationerri respuam, sed qui pietatis et religionis colore nullius
volo graciam videri coemisse, aut potius muneribus reciproca
munera fnorari.
« Neque de sex et quadraginta luarum Orationum opusculis qua;
circumquaque per Gallias et Germanias a me,· fidei tuenda; causa,
sunt disparsa gralisque data, vel oblatum quicquam accepi, nisi
duntaxat a Fratrum Minorum minislro prouinciali litleras partieipa-
tionis bonorum operum Fratrum Sororumque sua; prouincia1, quas
marsupiolo quodam inclusas reuercnlcr accepi, rcgumque omnium
Ibesauris anlepono 2. »
Je me bornerai ΰ relever dans ce texte un fait qui suffit seul ΰ.
rιfuter l'assertion de Jules Philippe. En effet, Guillaume Fichet y
dιclare avoir dιjΰ distribuι quarante-six exemplaires des Oraiiones,
et il accorde une mention spιciale ΰ celui qu'il avait offert au Pro-
vincial des Frθres Mineurs. Or, la lettre d'envoi jointe ΰ cet exem-
plaire est connue, je l'ai publiιe 3; elle est datιe des ides d'aoϋt
(13 aoϋt) sans millιsime ; mais ce millιsime ne saurait κtre que
1471. Comment donc Fichet aurait-il pu parler, le 21 mars 1471,
d'un envoi qu'il ne devait faire qu'au mois d'aoϋt suivant?
Les plus anciennes lettres d'envoi, celles ΰ Louis XI et ΰ
Edouard IV, portent la date du ,'j aoϋt 1471. L'exemplaire remis ΰ
1. il. Pichet n'aurait certainement pu employer cette expression, en mars 1471.
au dιbut mκme de ses relations ιpistolaires avec liessarion.
2. Publiιe par nous ΰ la suite des Cenl*dix lettres grecques de Franrois Filelfe,
p. 2:19-2.43.
3. A la suite des Cent dix lettres grecques de Franrois Filelfe, p. 27G. ANNEE 1471
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Louis XI, en mars 1472, ιtait, ΰ n'en pas douter, le second exemplaire
qui parvenait entre les mains du roi de France.
La prιsente ιdition de ce livre est d'une extrκme raretι et il n'en
liasse que peu frιquemment des exemplaires dans les ventes
publiques. Vendu maroquin bleu, 70 fr. en octobre 1823; 1 liv. st.
Hcber; 17(1 IV. maroquin rouge, Chenest. L'exemplaire contenant de
plus que les autres l'ιpure de Fichet ΰ Louis XI ' a ιtι successive-
ment vendu 84 fi\chez Oaignat et 35 fr. do chez La Valliθre.
La lettre de Bfessarion ΰ Guillaume Fichet, datιe de Rome,
13 dιcembre 1470, occupe le recto du feuillet 1.
Viennent ensuite :
Feuillet 1 v° : Bessario cardinalis nicenus inclylis atque illustris-
simis Italia) principibus.
Feuillet 2 v° : Kiusdem Bessarioni monacho & abbati salutem.
IV. B. Dans le Codex Laurentianus latin n° 30 du plut. sup. !I0, on n.u. r
au f. 3j, cette mκme lettre ainsi intitulιe : Vcn. cananatu, Nicwnus manu
propria venerah. Patri D. liisaarioni omblis S. iienedicli, societatis S. Ius-
linsc, et allait. S. Severini Neapuli, Borna; scripta V'auy. M. CCCC. LXX '-¦
Feuillet (J v° : Eiusdem Bessarionis Cardinalis ad Italos de peri-
culis imminentibus Oratio. »
Feuillet 17 r° : Eiusdem de discordiis sedandis & bello in Turcum
decernendo.
Feuillet 29 v° : Eiusdem ad eosdem persuasio, ex auctoritate
Demoslhenis.
Feuillet 30 v° : Demosthenis oratio pro ferenda ope Olynthiis
aduersus Philippum regem Macedonum.
On doit remarquer que la citation grecque du f. 22 v° est manus-
crite, ce qui prouve que l'imprimerie de laSorbonnc ne possιdait
pas alors de caractθres-grecs.
Bibliothθque nationale de Paris (quatre exemplaires, savoir) :
1°) Inventaire J 1224 Rιserve (Exposition 370). Ce prιcieux, exem-
plaire est celui-lΰ mκme que Guillaume Fichet offrit ΰ l'infortunι
Jacques d'Armagnac, dιcapitι ΰ Paris, le -4 aoϋt 1477. Il porte, sur
la derniθre page, cette note autographe de son premier propriι-
taire :
1. Aujourd'hui ΰ la Bibliothθque nationale de Paris. Nous en parlons plus loin.
Voir page suivante.
2. Bandini, Catal. coda", mss. lat. Bibliolh. Lawenlianx, t. Ill, col. 519. 14
BIBLIOGRAPHIE HEU.ΙΞVIQrE
Ce lilire de Bessarion rouira Turcum
est au dur, de Nemours comte de la Marche.
Jacques.
Il contient imprimιe la lettre d'envoi ΰ Louis XI et aux princes du
royaume ', de sorte qu'il se compose de 42 feuillets. Les quatre
marges de la premiθre page sont ornιes d'une fine dentelle en or et
en couleurs. Les grandes initiales, exιcutιes avec beaucoup de soin,
sont ιgalement en or et en couleurs. Actuellement reliι en veau
fauve avec tranches rouges, cet exemplaire a successivement appar-
tenu ΰ De Boze 2, Gaignat3 et La Valliθre 4.
2°) Inventaire J 1223 Rιserve. C'est l'exemplaire offer! par
G. Fichet ΰ l'abbι et aux/noines de Cluny ; il contient manuscrite la
lettre d'envoi ΰ ces religieux b. La marge gauche de la premiθre
page est ornιe d'une dentelle en or et en couleurs. 11 est actuelle-
ment revκtu d'une reliure en maroquin rouge et dorι sur tran-
ches.
3°) Inventaire .f 1226 Rιserve (Exposition 239). C'est l'exemplaire
adressι par G. Fichet ΰ Jean Nomagianus, supιrieur de la Grande-
Chartreuse, et il contient manuscrite la lettre d'envoi °. Il est enrichi
des mκmes ornements que le prιcιdent, dus certainement au mκme
enlumineur. Il est actuellement reliι en maroquin bleu et dorι sur
tranches. t
4°) Inventaire ? 1472-1473 Rιserve. Cet exemplaire est trθs pro-
bablement celui que s'ιtait rιservι Guillaume Fichet. Ce qui per-
met de le supposer, c'est qu'on y trouve, manuscrites et reliιes en
tκte, dix-sept lettres d'envoi, qui accompagnθrent quelques exem-
plaires de l'ouvrage distribuιs par Fichet, puis un certain nombre
d'autres lettres presque toutes ιchangιes entre Bessarion et Fichet7.
Cet exemplaire provient de la bibliothθque du cardinal de Lomι-
1. Elle est datιe des nones d'aoϋt (5 aoϋt) 147t. Nous l'avons publiιe β la suite
des Cent-dix lettres grecques de Franηois Filelfe (Paris, 1892, in-8°), p. 257.
2. Catalogue De Boze, p. 178.
3. De Bure, Catalogue des livres de feu M. Gaignat, t. I, n° 2558.
4. Catalogue La Valliθre, n· 2339.
5. Elle est datιe du 6 des nones d'octobre (2 octobre) 14.71. Publiιe ΰ la suite
des Cent-dix lettres grecques de Franηois Filelfe, p. 287.
6. Datιe du 4 des nones de septembre (2 sept.) 1471. Publiιe ΰ la suite des
Cent dix lettres grecques de Franηois Filelfe, p. 285.
7. Toutes ces lettres ont ιtι publiιes par nous ΰ la suite des Cent dix lettres
grecques de Franηois Filelfe, p. 223 ΰ 289. ?.\.\??· 1471 15
nie ' ; il est aujourd'hui recouvert d'une mιdiocre reliure en veau
fauve et dorι sur tranches.
Bibliothθque Vaticano : a" ^o80 du fonds des manuscrits latins.
Cet exemplaire, imprimι sur magnifique vιlin (et, sans doute ainsi
classι par inadvertance), est celui que G. Pichet offrit ΰ Edouard IV,
roi d'Angleterre. Au recto du premier feuillet, figure une fort, jolie
miniature, dont voici la description · : Assis sous un dais, le jeune
roi, couronne en tκte, sceptre en main, vκtu de bleu et portant un
manteau violet clair fourrι d'hermine ; ΰ sa gauche, un personnage
presque pareillement costumι ; au fond sont groupιs diffιrents
autres personnages ; devant le trτne, un homme ΰ genoux, entiθre-
ment, rasι, tonsurι, velu du bleu, recouvert d'un manteau rose avec
capuchon blanc (c'est-ΰ-dire Guillaume FicheI habillι en docteur de
Sorbonne), offre au souverain un livre rose dorι sur tranches ;
debout derriθre lui, Bessarion le pousse de la main gauche pour le
prιsenter au roi; le cardinal grec porte la barbe blanche, est vκtu
d'une soutane noire et coiffι du chapeau rouge ; dans sa droite, il
tient une longue croix dorιe. Cette miniature est entourιe d'un
cadre formι de losanges en or et en couleurs. Au verso de ce mκme
feuillet, on lit l'inlitulι manuscrit de l'ιpitre au roi d'Angleterre,
puis vient, l'ιpitre elle-mκme imprimιe. Cet exemplaire-est reliι en
maroquin rouge gautlοι et dorι sur tranches. Le plat de la reliure
porte une ιtiquette en parchemin avec cette mention, d'une ιcriture
paraissant κtre du xvi° siθcle : Bessarionis orationes pro periculis
imminentibus Italias christοanisque.
Bibliothθque impιriale de Vienne. C'est l'exemplaire offert par
G. Fichet ΰ Frιdιric III, empereur d'Allemagne. Il est Sur papier,
mais en tκte deux feuillets de vιlin contiennent manuscrite l'ιpitre
dιdicatoirc, identique, mutatis mutandis, ΰ celle adressιe aux rois
Louis XI et Edouard IV. Viennent ensuite les vers reproduits
ci-aprθs. :
1. Voir F.-X. Lairc, Index librorum ab inventa lypographia ad annum 1?00
(Sens, ?91, in-8°), t. I, p. 96.
2. Il en a ιtι donnι une mauvaise reproduction par Jules Philippe, Origine du
l'imprimerie ΰ Paris (Paris, 1885, in-4°), en regard de la p. 96. Imperatori Frederico semper augusto eiusdem Guillermi Ficreti, parisiensis tueologi doctoris, patria vero sabaudi, carmina. Quos citβt in Turchos acri Bessario cornu, Coesar et audentes sumite tela viri. Grcia vos moueat dyro prostrata tyranno, excitet et Christi iam prope lapsa fides. Imminet Italioo, Latio parβt arma, minatur Gadibus et Gallis ; requor et yle cupit. Non iuga Pyrenei, non inuia saxa nec alpes obsistent tumido, mente rapit superos. Dum vicina petit, dum vestra intιgra supersunt, exaudite senem, vos leg'ite et reliqui. Bibliothθque royale de Turin. C'est l'exemplaire que G. Fichet envoya ΰ Amιdιe IX, duc de Savoie, et aux princes du sang. Il est imprimι sur vιlin, ornι de lettres en or et en couleurs. On lit, en tκte, une ιpξtfe beaucoup plus longue que celle adressιe aux autres souverains '. Rappelons que le duc Amιdιe avait ιpousι Yolande, sur de Louis XI. Bibliothθque Mazarine : n° 17144. Cet exemplaire ne contient pas de lettre d'envoi. Il est reliι avec d'autres ouvrages ιgalement imprimιs en Sorbonne. Bibliothθque de Reims : n° 120. Bibliothθque du prince Georges Maurocordato. Exemplaire de la bibliothθque d'Ambroise Firmin-Didol. C'est celui que G. Fichet avait offert ΰ Guillaume Romain, prieur des Cιlestins. La lettre d'envoi manuscrite ligure en tκte 2.